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composition du discours de Fourier. Ce qui naguère n’était qu’une conjecture plausible est devenu maintenant un fait incontestable. Grâce à la complaisance de M. Champollion-Figeac, je tenais ces jours derniers dans mes mains, quelques parties des premières épreuves de la préface historique. Ces épreuves furent remises à l’Empereur, qui voulut en prendre connaissance à tête reposée avant de les lire avec Fourier. Elles sont couvertes de notes marginales, et les additions qui en ont été la conséquence s’élèvent à près du tiers de l’étendue du discours primitif. Sur ces feuilles, comme dans l’œuvre définitive livrée au public, on remarque l’absence complète de noms propres : il n’y a d’exception que pour les trois généraux en chef. Ainsi Fourier s’était imposé lui-même la réserve que certaines vanités ont tant blâmée. J’ajouterai que nulle part, sur les épreuves si précieuses de M. Champollion, on n’aperçoit de traces des misérables sentiments de jalousie qu’on a prêtés à Napoléon. Il est vrai qu’en montrant du doigt le mot illustre appliqué à Kléber, l’Empereur dit à notre confrère « Quelqu’un m’a fait remarquer cette épithète ; » mais après une petite pause il ajouta : « Il est convenu que vous la laisserez, car elle est juste et bien méritée. » Ces paroles, Messieurs, honoraient encore moins le monarque qu’elles ne flétrissaient dans le quelqu’un, que je regrette de ne pouvoir désigner autrement, ces vils courtisans, dont toute la vie se passe à épier les faiblesses, les mauvaises passions de leurs maîtres, afin de s’en faire le marchepied qui doit les conduire aux honneurs et à la fortune !