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drapeaux s’inclinent, les rangs se pressent, les armes s’entre-choquent, un long gémissement s’échappe de quelques milliers de poitrines déchirées par le sabre et par la mitraille, et la voix de l’orateur va se perdre au milieu des sanglots.

Peu de mois après, sur le même bastion, devant les mêmes soldats, Fourier célébrait, avec non moins d’éloquence, les exploits, les vertus du général que les peuples conquis en Afrique saluèrent du nom si flatteur de sultan juste ; et qui venait de faire à Marengo le sacrifice de sa vie, pour assurer le triomphe des armes françaises.

Fourier ne quitta l’Égypte qu’avec les derniers débris de l’armée à la suite de la capitulation signée par Menou. De retour en France, ses premières, ses plus constantes démarches eurent pour objet l’illustration de l’expédition mémorable dont il avait été un des membres les plus actifs et les plus utiles. L’idée de rassembler en un seul faisceau les travaux si variés de tous ses confrères, lui appartient incontestablement. J’en trouve la preuve dans une lettre, encore manuscrite, qu’il écrivit à Kléber, de Thèbes, le 20 vendémiaire an VII. Aucun acte public dans lequel il soit fait mention de ce grand monument littéraire, n’est d’une date antérieure. L’Institut du Kaire, en adoptant dès le mois de frimaire an VIII le projet d’un ouvrage d’Égypte, confiait à Fourier le soin d’en réunir les éléments épars, de les coordonner, et de rédiger l’introduction générale.

Cette introduction a été publiée sous le titre de Préface historique. Fontanes y voyait réunies les grâces d’Athènes et la sagesse de l’Égypte. Que pourrais-je ajouter à un pareil