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raisse, s’il m’était permis de désigner dans cette enceinte même un illustre académicien, à qui les leçons de l’École normale allèrent révéler son génie mathématique dans un obscur chef-lieu de district !

Le besoin de remettre en évidence les importants services, aujourd’hui méconnus, dont l’enseignement des sciences est redevable à la première école normale m’a entraîné plus loin que je ne voulais. J’espère qu’on me le pardonnera. L’exemple, en tout cas, ne sera pas contagieux. Les louanges du temps passé, vous le savez, Messieurs, ne sont plus de mode. Tout ce qui se dit, tout ce qui s’imprime, tend même à faire croire que le monde est né d’hier. Cette opinion qui permet à chacun de s’attribuer un rôle plus ou moins brillant dans le grand drame cosmogonique, est sous la sauvegarde de trop de vanités pour avoir rien à craindre des efforts de la logique.

Nous l’avons déjà dit, les brillants succès de Fourier à l’École normale lui assignèrent une place distinguée parmi les personnes que la nature a douées au plus haut degré du talent d’enseigner. Aussi ne fut-il pas oublié par les fondateurs de l’École polytechnique. Attaché à ce célèbre établissement, d’abord avec le titre de surveillant des leçons de fortification, ensuite comme chargé du cours d’analyse, Fourier y a laissé une mémoire vénérée, et la réputation d’un professeur plein de clarté, de méthode, d’érudition ; j’ajouterai même la réputation d’un professeur plein de grâce, car notre confrère a prouvé que ce genre de mérite peut ne pas être étranger à l’enseignement des mathématiques.