Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/349

Cette page a été validée par deux contributeurs.

doit-on vraiment s’en étonner ? Espérer de la reconnaissance de qui ne pourrait la manifester sans danger, ce serait méconnaître la fragilité humaine et s’exposer à de fréquents mécomptes.

Dans l’École normale de la Convention, des débats succédaient de temps en temps aux leçons ordinaires. Ces jours-là, les rôles étaient intervertis : les élèves interrogeaient les professeurs. Quelques paroles prononcées par Fourier dans une de ces curieuses et utiles séances suffirent pour le faire remarquer. Aussi, dès qu’on sentit la nécessité de créer des maîtres de conférence, tous les yeux se portèrent-ils sur l’élève de Saint-Florentin. La précision, la lucidité, l’élégance de ses leçons, lui conquirent bientôt les applaudissements unanimes de l’auditoire difficile et nombreux qui lui fut confié.

À l’apogée de sa gloire scientifique et littéraire, Fourier reportait encore avec prédilection ses pensées sur 1794, et sur les efforts sublimes que faisait alors la nation française pour créer un corps enseignant. S’il l’avait osé, le titre d’élève de l’ancienne École normale eût été sans aucun doute celui dont il se serait paré de préférence. Cette école périt, Messieurs, de froid, de misère et de faim, et non pas, quoi qu’on en ait dit, à cause de quelques vices d’organisation, dont le temps et la réflexion eussent facilement fait justice. Malgré son existence si courte, elle donna aux études scientifiques une direction toute nouvelle qui a eu les plus importants résultats. En appuyant cette opinion de quelques développement, je m’acquitterai d’une tâche que Fourier m’eût certainement imposée, s’il avait pu soupçonner qu’à de