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la résolution des équations numériques de tous les degrés. Ce travail de sa première jeunesse, notre confrère ne l’a pour ainsi dire jamais perdu de vue. Il l’expliquait, à Paris, aux élèves de l’École polytechnique ; il le développait sur les bords du Nil, en présence de l’Institut d’Égypte ; à Grenoble, depuis 1802, c’était le sujet favori de ses entretiens avec les professeurs de l’École centrale ou de la Faculté des sciences ; ce mémoire, enfin, renfermait les fondements de l’ouvrage que Fourier faisait imprimer lorsque la mort vint le frapper.

Un sujet scientifique n’occupe pas tant de place, dans la vie d’un savant du premier ordre, sans avoir de l’importance et de la difficulté. La question d’analyse algébrique dont il vient d’être fait mention, et que Fourier a étudiée avec une si remarquable persévérance, n’est pas une exception à cette règle. Elle se présente dans un grand nombre d’applications du calcul au mouvement des astres ou à la physique des corps terrestres et, en général dans les problèmes qui conduisent à des équations d’un degré élevé. Dès qu’il veut sortir du domaine des abstractions, le calculateur a besoin des racines de ces équations ; ainsi, l’art de les découvrir à l’aide d’une méthode uniforme, soit exactement, soit par approximation, a dû de bonne heure exciter la sollicitude des géomètres.

Un œil attentif aperçoit déjà quelques traces de leurs efforts, dans les écrits des mathématiciens de l’école d’Alexandrie, Ces traces, il faut le dire, sont si légères, si imparfaites, qu’on aurait vraiment le droit de ne faire remonter la naissance de cette branche de l’analyse qu’aux excellents travaux de notre compatriote Viet. Descartes,