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qu’éprouvait l’illustre vieillard. Young aussi, dans l’écrit de quelques pages qu’il publia en réponse à l’Edinburgh Review, se montra profondément découragé. La vivacité, la véhémence de ses expressions déguisaient mal le sentiment qui l’oppressait. Au reste, hâtons-nous de le dire, justice, justice complète fut enfin rendue au grand physicien ! Depuis quelques années, le monde entier voyait en lui une des principales illustrations de notre temps. C’est de France (Young prenait plaisir à le proclamer lui-même) que partit le signal de cette tardive réparation. J’ajouterai qu’à l’époque beaucoup plus ancienne où la doctrine des interférences n’avait encore fait de prosélytes ni en Angleterre, ni sur le continent, Young trouvait dans sa propre famille quelqu’un qui le comprenait et dont les suffrages auraient dû le consoler des dédains du public. La personne distinguée que je signale ici à la reconnaissance de tous les physiciens de l’Europe voudra bien m’excuser si je complète mon indiscrétion.

Dans l’année 1816, je fis un voyage en Angleterre avec mon savant ami, M. Gay-Lussac, Fresnel venait alors de débuter dans la carrière des sciences, de la manière la plus brillante, par son Mémoire sur la Diffraction. Ce travail qui, suivant nous, renfermait une expérience capitale, inconciliable avec la théorie newtonienne de la lumière, devint naturellement le premier objet de nos entretiens avec le docteur Young. Nous étions étonnés des nombreuses restrictions qu’il apportait à nos éloges, lorsque enfin il nous déclara que l’expérience dont rous faisions tant de cas était consignée, depuis 1807, dans son traité de Philosophie naturelle. Cette