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peut qualifier celle que la Revue d’Édimbourg a quelquefois exercée.

Au nombre des collaborateurs de ce célèbre journal, figurait à l’origine, en première ligne, un jeune écrivain à qui les découvertes de Newton avaient inspiré une admiration ardente. Ce sentiment, si naturel, si légitime, lui fit malheureusement méconnaître tout ce que la doctrine des interférences renfermait de plausible, d’ingénieux, de fécond. L’auteur de cette théorie n’avait peut-être pas toujours eu le soin de revêtir ses décisions, ses arrêts, ses critiques, des formes polies dont le bon droit n’a jamais à souffrir, et qui, au reste, étaient un devoir impérieux quand il s’agissait de l’immortel auteur de la Philosophie naturelle. La peine du talion lui fut appliquée avec usure ; l’Edinburgh Review attaqua l’érudit, l’écrivain, le géomètre, l’expérimentateur, avec une véhémence, avec une âpreté d’expressions presque sans exemple dans les débats scientifiques. Le public se tient ordinairement sur ses gardes quand on lui parle un langage aussi passionné ; mais, cette fois, il adopta d’emblée les opinions du journaliste sans qu’on eût le droit de l’accuser de légèreté. Le journaliste, en effet, n’était pas un de ces aristarques imberbes dont aucune étude préalable ne justifie la mission. Plusieurs bons Mémoires, accueillis par la Société royale, déposaient de ses connaissances mathématiques et lui avaient assigné une place distinguée parmi les physiciens à qui l’optique expérimentale était redevable ; le barreau de Londres le proclamait déjà une de ses plus éclatantes lumières ; les whigs de la Chambre des communes voyaient en lui l’orateur incisif qui, dans les luttes