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pait, que les bras étendus et les mains cramponnées aux deux portières, et, de l’autre, son illustre émule galopant, debout sur deux chevaux, avec toute l’assurance d’un écuyer de profession.

En Angleterre, un médecin, s’il ne veut pas perdre la confiance du public, doit s’abstenir de s’occuper de toute recherche scientifique ou littéraire qui semble étrangère à l’art de guérir. Young sacrifia longtemps à ce préjugé : ses écrits paraissaient sous le voile de l’anonyme. Ce voile, il est vrai, était bien transparent : deux lettres contiguës d’une certaine devise latine servaient successivement, dans un ordre régulier, à la signature de chaque mémoire ; mais Young communiquait les trois mots latins à tous ses amis nationaux ou étrangers sans leur recommander d’en faire mystère à personne. Au reste, qui pouvait ignorer que l’illustre auteur de la théorie des interférences était le secrétaire de la Société royale de Londres pour la correspondance étrangère ; qu’il donnait dans les amphithéâtres de l’Institution royale un cours général de physique mathématique ; qu’associé à sir Humphry Davy, il publiait un journal de sciences, etc., etc. ? Et d’ailleurs, il faut le dire, l’anonyme n’était rigoureusement observé que pour les petits mémoires. Dans les occasions importantes, quand, par exemple, parurent en 1807 les deux volumes in-4o, de 800 à 900 pages chacun, où toutes les branches de la philosophie naturelle se trouvent traitées d’une manière si neuve et si profonde, l’amour-propre de l’auteur fit oublier les intérêts du médecin, et le nom de Young, en gros caractères, remplaça les deux petites lettres italiques dont le tour était alors