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Young emprunta de bonne heure à la secte des quakers, dont il faisait alors partie, l’opinion que les facultés intellectuelles des enfants diffèrent originairement entre elles beaucoup moins qu’on ne le suppose. Chaque homme aurait pu faire ce que tout autre homme a fait, était devenu sa maxime favorite. Jamais, au surplus, il ne recula personnellement devant les épreuves d’aucun genre, auxquelles on désirait soumettre son système. La première fois qu’il monta à cheval, en compagnie du petit-fils de M. Barclay, l’écuyer qui les suivait franchit une barrière élevée : Young voulut l’imiter, mais il alla tomber à dix pas. Il se releva sans mot dire, fit une seconde tentative, fut encore désarçonné, mais ne dépassa pas cette fois la tête du cheval, à laquelle il resta accroché ; à la troisième épreuve, le jeune écolier, comme le voulait sa thèse de prédilection réussit à exécuter ce qu’on venait de faire devant lui. Cette expérience n’a dû être citée ici que parce qu’elle fut reprise d’abord à Édimbourg, ensuite à Gœttingue, et poussée beaucoup plus loin qu’on ne voudra peut-être le croire. Dans l’une de ces deux villes, Young, en très-peu de temps, parvint à lutter d’adresse avec un funambule renommé ; dans l’autre, et toujours à la suite d’un défi, il acquit dans l’art de la voltige à cheval une habileté extraordinaire, et qui eût été certainement remarquée, même au milieu des artistes consommés dont les tours de force attirent tous les soirs un si nombreux concours au cirque de Franconi. Ainsi, ceux qui se complaisent dans les contrastes pourront, d’un côté, se représenter Newton, le timide Newton, n’allant en voiture, tant la crainte de tomber le préoccu-