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buera aux caractères hiéroglyphiques une valeur simplement alphabétique ; plus loin, il leur donnera une valeur syllabique ou même dissyllabique, sans s’inquiéter de ce qu’il y aurait d’étrange dans ce mélange de caractères de natures différentes. Le fragment d’alphabet publié par le docteur Young renferme donc du vrai et du faux ; mais le faux y abonde tellement, qu’il sera impossible d’appliquer la valeur des lettres dont il se compose, à toute autre lecture qu’à celle des deux noms propres dont on les a tirées. Le mot impossible s’est si rarement rencontré dans la carrière scientifique de Young, qu’il faut se hâter de le justifier. Je dirai donc que depuis la composition de son alphabet, Young lui-même croyait voir dans le cartouche d’un monument égyptien, le nom d’Arsinoé, là où son célèbre compétiteur a montré depuis, avec une entière évidence, le mot autocrator ; qu’il crut reconnaître Évergète dans un groupe où il faut lire César !

Le travail de Champollion, quant à la découverte de la valeur phonétique des hiéroglyphes, est clair, homogène, et ne semble donner prise à aucune incertitude. Chaque signe équivaut à une simple voyelle ou à une simple consonne. Sa valeur n’est pas arbitraire ; tout hiéroglyphe phonétique est l’image d’un objet physique dont le nom, en langue égyptienne, commence par la voyelle ou par la consonne qu’il s’agit de représenter[1].

  1. Ceci deviendra clair pour tout le monde, si nous cherchons, en suivant le système égyptien, à composer les hiéroglyphes de la langue française.

    L’A pourra être indistinctement représenté par un Agneau, par