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ses cours, qu’on apprend le chinois comme toute autre langue. Ce n’est pas non plus, ainsi qu’on l’imagine au premier abord, que les caractères hiéroglyphiques se prêtent seulement à l’expression des idées communes : quelques pages du roman Yu-kiao-li, ou les Deux Cousines, suffiraient pour montrer que les abstractions les plus subtiles, les plus quintessenciées, n’échappent pas à l’écriture chinoise. Le principal défaut de cette écriture serait de ne donner aucun moyen d’exprimer des noms nouveaux. Un lettré de Canton aurait pu mander par écrit à Pékin, que le 14 juin 1800, la plus mémorable bataille sauva la France d’un grand péril ; mais il n’aurait su comment apprendre à son correspondant, en caractères purement hiéroglyphiques, que la plaine où se passa ce glorieux événement était près du village de Marengo, et que le général victorieux s’appelait Bonaparte. Un peuple chez lequel la communication de noms propres, de ville à ville, ne pourrait avoir lieu que par l’envoi de messagers, en serait, comme on voit, aux premiers rudiments de la civilisation ; aussi tel n’est pas le cas du peuple chinois. Les caractères hiéroglyphiques constituent bien la masse de leur écriture ; mais quelquefois, et surtout quand il faut écrire un nom propre, on les dépouille de leur signification idéographique, pour les réduire à n’exprimer que des sons et des articulations, pour en faire de véritables lettres.

Ces prémisses ne sont pas un hors-d’œuvre. Les questions de priorité que les méthodes graphiques de l’Égypte, ont soulevées vont être maintenant faciles à expliquer et à comprendre. Nous allons, en effet, trouver dans les