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ver en désaccord, sur plusieurs points importants, avec le savant illustre dont il m’a été si doux d’analyser les travaux sans qu’un seul mot de critique ait dû, jusqu’ici, venir se placer sous ma plume. Tous ces scrupules se sont évanouis lorsque j’ai réfléchi que l’interprétation des hiéroglyphes égyptiens est l’une des plus belles découvertes de notre siècle ; que Young a lui-même mêlé mon nom aux discussions dont elle a été l’objet ; qu’examiner, enfin, si la France peut prétendre à ce nouveau titre de gloire, c’est agrandir la mission que je remplis en ce moment, c’est faire acte de bon citoyen. Je sais d’avance tout ce qu’on trouvera d’étroit dans ces sentiments ; je n’ignore pas que le cosmopolitisme a son bon côté, mais, en vérité, de quel nom ne pourrais-je pas le stigmatiser, si, lorsque toutes les nations voisines énumèrent avec bonheur les découvertes de leurs enfants, il m’était interdit de chercher dans cette enceinte même, parmi des confrères dont je ne me permettrai pas de blesser la modestie, la preuve que la France n’est pas dégénérée ; qu’elle, aussi, apporte chaque année son glorieux contingent dans le vaste dépôt des connaissances humaines[1].

J’aborde donc la question de l’écriture égyptienne ; je l’aborde, libre de toute préoccupation ; avec la ferme

  1. En reproduisant une partie de ce chapitre sur les hiéroglyphes égyptiens, dans l’Annuaire du Bureau des longitudes pour 1836, M. Arago a ajouté : « La première interprétation exacte qu’on ait donnée des hiéroglyphes égyptiens figurera certainement au premier rang parmi les plus belles découvertes de notre siècle ; d’ailleurs, après les débats animés qu’elle a fait naître, chacun doit désirer savoir si la France peut, consciencieusemrent, prétendre à ce nou-