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et l’arabe ; le français et l’italien, par occasion, afin de satisfaire la curiosité d’un camarade qui avait en sa possession plusieurs ouvrages imprimés à Paris, dont il désirait savoir le contenu ; l’hébreu, pour lire la Bible dans l’original ; le persan et l’arabe, dans la vue de décider cette question qu’une conversation de réfectoire avait soulevée : Y a-t-il entre les langues orientales des différences aussi tranchées qu’entre les langues européennes ?

Je sens le besoin d’avertir que j’écris sur des documents authentiques, avant d’ajouter que pendant qu’il faisait de si fabuleux progrès dans les langues, Young, durant ses promenades autour de Compton, s’était pris d’une vive passion pour la botanique ; que, dépourvu des moyens de grossissement dont les naturalistes font usage quand ils veulent examiner les parties les plus délicates des plantes, il entreprit de construire lui-même un microscope, sans autre guide qu’une description de cet instrument donnée par Benjamin Martin ; que, pour arriver à ce difficile résultat, il dut acquérir d’abord beaucoup de dextérité dans l’art du tourneur ; que les formules algébriques de l’opticien lui ayant présenté des symboles dont il n’avait aucune idée (des symboles de fluxions), il fut un moment dans une grande perplexité ; mais que ne voulant pas, enfin, renoncer à grossir ses pistils et ses étamines, il trouva plus simple d’apprendre le calcul différentiel pour comprendre la malencontreuse formule, que d’envoyer à la ville voisine acheter un microscope.

La brûlante activité du jeune Young lui avait fait dépasser les bornes des forces humaines. À quatorze ans,