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même sous son déguisement le plus habituel : jamais elle n’en contesta la nouveauté.

Les discussions de priorité ont été de tout temps le supplice des inventeurs. La haine, car c’est le sentiment qui ordinairement les fait naître, n’est pas difficile dans le choix des moyens d’attaque. Quand les preuves lui manquent, le sarcasme devient son arme de prédilection et elle n’a que trop souvent le cruel avantage de le rendre incisif. On rapporte qu’Harvey, qui avait résisté avec constance aux nombreuses critiques dont sa découverte fut l’objet, perdit totalement courage lorsque certains adversaires, sous la forme d’une concession, déclarèrent qu’ils lui reconnaissaient le mérite d’avoir fait circuler la circulation du sang. Félicitons-nous, Messieurs, que Volta n’ait jamais essuyé de pareils débats ; félicitons ses compatriotes de les lui avoir épargnés. L’école bolonaise crut longtemps sans doute à l’existence d’une électricité animale. D’honorables sentiments de nationalité, lui firent désirer que la découverte de Galvani restât entière ; qu’elle ne rentrât pas, comme cas particulier, dans les grands phénomènes de l’électricité voltaïque ; et toutefois, jamais elle ne parla de ces phénomènes qu’avec admiration ; jamais une bouche italienne ne prononça le nom de l’inventeur de la pile sans l’accompagner des témoignages les moins équivoques d’estime et de profond respect ; sans l’unir à un mot bien expressif dans sa simplicité, bien doux surtout aux oreilles d’un citoyen : jamais, depuis Rovérédo jusqu’à Messine, les gens instruits n’appelèrent le physicien de Pavie que nostro Volta.