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mouvements spasmodiques. Sur ce fait, point de doute ; mais l’agent en question était-il véritablement électrique ? Les preuves qu’on en donnait pouvaient-elles suffire ?

Lorsqu’on dépose sur la langue, dans un certain ordre, deux métaux dissemblables, on éprouve au moment de leur contact une saveur acide. Si l’on change ces métaux respectivement de place, la saveur devient alcaline. Or, en appliquant simplement la langue au conducteur d’une machine électrique ordinaire, on sent aussi un goût acide ou alcalin, suivant que le conducteur est électrisé en plus ou en moins. Dans ce cas-ci, le phénomène est incontestablement dû à l’électricité. N’est-il pas naturel, disait Volta, de déduire l’identité des causes de la ressemblance des effets ; d’assimiler la première expérience à la seconde ; de ne voir entre elles qu’une seule différence, savoir, le mode de production du fluide qui va exciter l’organe du goût ?

Personne ne contestait l’importance de ce rapprochement. Le génie pénétrant de Volta pouvait y apercevoir les bases d’une entière conviction ; le commun des physiciens devait demander des preuves plus explicites. Ces preuves, ces démonstrations incontestables devant lesquelles toute opposition s’évanouit, Volta les trouva dans une expérience capitale que je puis expliquer en peu de lignes.

On applique exactement face à face, et sans intermédiaire, deux disques polis de cuivre et de zinc attachés à des manches isolants. À l’aide de ces mêmes manches, on sépare ensuite les disques d’une manière brusque ; finalement on les présente, l’un après l’autre, au condensa-