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dis des deux métaux, et non pas des deux lames, car, suivant Volta, sans une différence dans la nature des deux corps en contact, aucun développement électrique ne saurait avoir lieu.

Les physiciens de tous les pays de l’Europe, et Volta lui-même, adoptèrent, à l’origine du galvanisme, les vues de l’inventeur. Ils s’accordèrent à regarder les convulsions spasmodiques des animaux morts comme l’une des plus grandes découvertes des temps modernes. Pour peu qu’on connaisse le cœur humain, on a déjà deviné qu’une théorie destinée à rattacher ces curieux phénomènes aux lois ordinaires de l’électricité, ne pouvait être admise par Galvani et par ses disciples qu’avec une extrême répugnance. En effet, l’école bolonaise en corps défendit pied à pied l’immense terrain que la prétendue électricité animale avait d’abord envahi sans obstacle.

Parmi les faits nombreux que cette célèbre école apposa au physicien de Come, il en est un qui, par sa singularité, tint un moment les esprits en suspens. Je veux parler des convulsions que Galvani lui-même engendra en touchant les muscles de la grenouille avec deux lames, non pas dissemblables, comme Volta le croyait nécessaire, mais tirées toutes deux d’une seule et même plaque métallique. Cet effet, quoiqu’il ne fût pas constant, présentait en apparence une objection insurmontable contre la nouvelle théorie.

Volta répondit que les lames employées par ses adversaires pouvaient être identiques quant au nom qu’elles portaient, quant à leur nature chimique, et différer cependant entre elles par d’autres circonstances, de manière à