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s’abandonna entièrement aux conséquences du fait étrange qui venait de s’offrir à lui qu’après l’avoir expliqué. Il trouva que si une bougie amène sur la pointe qu’elle surmonte trois ou quatre fois plus d’électricité qu’on n’en recueillerait autrement, c’est à cause du courant d’air qu’engendre la flamme, c’est à raison des communications multipliées qui s’établissent ainsi entre la pointe de métal et les molécules atmosphériques.

Puisque des flammes enlèvent l’électricité à l’air beaucoup mieux que des tiges métalliques pointues, ne s’ensuit-il pas, dit Volta, que le meilleur moyen de prévenir les orages ou de les rendre peu redoutables, serait d’allumer d’énormes feux au milieu des champs, ou mieux encore, sur des lieux élevés. Après avoir réfléchi sur les grands effets du très-petit lumignon de l’électromètre, on ne voit rien de déraisonnable à supposer qu’une large flamme puisse, en peu d’instants, dépouiller de tout fluide électrique d’immenses volumes d’air et de vapeur.

Volta désirait qu’on soumît cette idée à l’épreuve d’une expérience directe. Jusqu’ici ses vœux n’ont pas été entendus. Peut-être obtiendrait-on à cet égard quelques notions encourageantes, si l’on comparait les observations météorologiques des comtés de l’Angleterre que tant de hauts-fourneaux et d’usines transforment nuit et jour en océans de feu, à celles des contés agricoles environnants.

Les feux paratonnerres firent sortir Volta de la gravité sévère qu’il s’était constamment imposée. Il essaya d’égayer son sujet aux dépens des érudits qui, semblables