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n’avait jamais eu connaissance des projets antérieurs de Buffon et de Condorcet ; mais des réclamations de cette nature n’intéressent que l’amour-propre de l’auteur : elles n’ont point de valeur pour le public. À ses yeux, il n’y a, je dirai plus, il ne doit y avoir qu’un seul inventeur : celui qui le premier a fait connaître la découverte. Après une aussi large concession, il me sera du moins permis de remarquer qu’en 1820 il n’existait pas encore une seule lentille à échelons dans les cabinets de physique ; que d’ailleurs, jusque-là, on les avait envisagées seulement comme des moyens de produire de grands effets calorifiques ; que c’est Fresnel qui a créé des méthodes pour les construire avec exactitude et économie ; que c’est lui enfin, et lui tout seul, qui a songé à les appliquer aux phares. Toutefois, cette application, je l’ai déjà indiqué, n’aurait conduit à aucun résultat utile, si on ne l’eût pas combinée avec des modifications convenables de la lampe, si la puissance de la flamme éclairante n’avait pas été considérablement augmentée. Cette importante partie du système exigeait des études spéciales, des expériences nombreuses et assez délicates. Fresnel et un de ses amis (Arago) s’y livrèrent avec ardeur, et leur commun travail conduisit à une lampe à plusieurs mèches concentriques dont l’éclat égalait 25 fois celui des meilleures lampes à double courant d’air.

Dans les phares à lentilles de verre, imaginés par Fresnel, chaque lentille envoie successivement vers tous les points de l’horizon une lumière équivalente à celle de 3,000 à 4,000 lampes à double courant d’air réunies ; c’est 8 fois ce que produisent les beaux réflecteurs parabo-