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tion ; mais de ce qu’un faisceau en traversant un cristal d’Islande donnerait toujours deux images blanches également vives, il ne s’ensuivrait pas qu’il est formé de lumière ordinaire ; c’est là encore une découverte de Fresnel. C’est lui qui le premier a fait voir qu’un rayon peut avoir les mêmes propriétés sur tous les points de son contour et n’être pas cependant de la lumière naturelle. Pour montrer, par un seul exemple, que ces deux espèces de lumière se comportent différemment et ne doivent pas être confondues, je dirai qu’en éprouvant la double réfraction un rayon naturel qui vient de traverser une lame cristalline donne deux images blanches, tandis que dans les mêmes circonstances le rayon de Fresnel se décompose en deux faisceaux vivement colorés.

On imprime aux rayons polarisés ordinaires cette modification nouvelle qui, n’étant pas relative à leurs divers côtés, a été désignée par le nom de polarisation circulaire, en leur faisant subir deux réflexions totales sur des surfaces vitreuses convenables.

Le plaisir d’avoir attaché son nom à un genre de polarisation jusque-là inaperçu, eût probablement suffi à la vanité d’un physicien vulgaire, et ses recherches n’eussent pas été plus loin ; mais Fresnel était conduit par des sentiments plus élevés : à ses yeux rien n’était fait tant qu’il restait quelque chose à faire ; il chercha donc s’il n’y aurait pas d’autres moyens de produire la polarisation circulaire, et, comme d’habitude, une découverte remarquable fut le prix de ses efforts. Cette découverte peut être énoncée en deux mots : il y a un genre particulier de double réfraction qui communique aux rayons la