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s’étaient à peine écoulés et déjà d’ingénieux travaux l’avaient placé parmi les plus célèbres physiciens de notre époque. En 1819, il remportait un prix proposé par l’Académie sur la question si difficile de la diffraction. En 1823, il devenait l’un des membres de cette compagnie, à l’unanimité des suffrages, genre de succès fort rare, car il ne suppose pas seulement un mérite du premier ordre, mais encore de la part de tous les compétiteurs, un aveu d’infériorité bien franc, bien explicite. En 1825, la Société royale de Londres admettait notre confrère au nombre de ses associés. Enfin, deux ans plus tard, elle lui décernait la médaille fondée par le comte de Rumford. Cet hommage d’une des plus illustres académies de l’Europe, ce jugement prononcé chez une nation rivale, par les compatriotes les plus éclairés de Newton, en faveur d’un physicien qui n’attachait guère de prix à ses découvertes qu’autant qu’elles ébranlaient un système dont ce puissant génie s’était fait le défenseur, me semble avoir tous les caractères d’un arrêt de la postérité. J’espère donc qu’il me serait permis de l’invoquer, si malgré tout mon désir de rester dans les strictes bornes de la vérité, et la conviction que j’ai de ne pas les avoir pas franchies, il arrivait par hasard qu’on trouvât cet éloge empreint d’une légère exagération. Ce serait là, au reste, je dois l’avouer, un reproche que je ressentirais faiblement, comme ami de Fresnel. S’il m’importe de le repousser, c’est seulement en qualité d’organe de l’Académie ; le ministère que je remplis aujourd’hui, au nom de mes confrères, doit être exact et sévère comme sont rigoureuses et exactes les sciences dont ils s’occupent.