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dont les appointements de membre de l’Institut étaient la seule ressource. Ces observations, présentées avec force, m’ébranlèrent. Le débat, néanmoins, s’envenima ; je pouvais consentir à lire l’Éloge de Fresnel, mais je refusai obstinément d’en retrancher des passages qui, la veille, avaient paru irréprochables, sur la nécessité d’exécuter strictement la Charte si on ne voulait pas rouvrir la carrière des révolutions. Cuvier, par amitié pour moi, et dans l’intérêt de l’Académie, était surtout ardent pour obtenir ces suppressions. Je fis part de cette circonstance à Villemain, qui sans s’apercevoir que le grand naturaliste pouvait l’entendre, s’écria : « C’est une insigne lâcheté. » De là, des querelles, des personnalités, dont je me ferais un scrupule de consigner ici le souvenir. Voilà ce qui arriva dans cette circonstance regrettable. Les passages en question furent conservés à la lecture, et devinrent l’objet, de la part du public, d’applaudissements frénétiques qui ne semblaient mérités ni par le fond ni par la forme. J’avoue même que je fus très-surpris lorsqu’en sortant de la séance, le duc de Raguse me dit à l’oreille : « Dieu veuille que demain je n’aie pas à aller chercher de vos nouvelles à Vincennes. »