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Paris, et je déposai au Bureau des Longitudes et à l’Académie des Sciences, mes observations que j’étais parvenu à conserver, au milieu des périls et des tribulations de ma longue campagne.

Peu de jours après mon arrivée, le 18 septembre 1809, je fus nommé académicien, en remplacement de Lalande. Il y avait cinquante-deux votants ; j’obtins quarante-sept voix, M. Poisson, quatre, et M. Nouet, une. J’avais alors vingt-trois ans.


XLV.


Une nomination faite à une telle majorité semble, au premier abord, n’avoir pu donner lieu à des difficultés sérieuses ; et, cependant, il n’en fut pas ainsi. L’intervention de M. de Laplace, avant le jour du scrutin, fut active et incessante pour faire ajourner mon admission jusqu’à l’époque où une place vacante, dans la section de géométrie, permettrait à la docte assemblée de nommer M. Poisson en même temps que moi. L’auteur de la Mécanique céleste avait voué au jeune géomètre un attachement sans bornes, complètement justifié, d’ailleurs, par les beaux travaux que la science lui devait déjà. M. de Laplace ne pouvait supporter l’idée qu’un astronome, plus jeune de cinq ans que M. Poisson, qu’un élève, en présence de son professeur à l’École polytechnique, deviendrait académicien avant lui. Il me fit donc proposer d’écrire à l’Académie que je désirais n’être élu que lorsqu’il y aurait une seconde place à donner à Poisson ; je répondis par un refus formel et motivé en ces