Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/123

Cette page a été validée par deux contributeurs.

une seconde fois et dirigea de nouveau sa route vers Alger, où on aurait cru qu’elle avait une mission spéciale à remplir. Le brick changea de route à son tour, mais il se tint constamment hors de portée du canon de la corvette ; enfin, les deux bâtiments arrivèrent successivement dans le port et y jetèrent l’ancre, au vif désappointement de la population algérienne, qui avait espéré assister sans danger à un combat maritime entre des chiens de chrétiens appartenant à deux nations également détestées au point de vue religieux ; mais elle ne put cependant réprimer de grands éclats de rire, en voyant que la corvette était un bâtiment marchand et qu’elle n’était armée que de simulacres de canons en bois. On dit dans la ville que les matelots anglais, furieux, avaient été au moment de se révolter contre leur trop prudent capitaine.

J’ai bien peu de choses à rapporter en faveur des Algériens ; j’accomplirai donc acte de justice, en disant que la corvette partit le lendemain pour les Antilles, sa destination, et qu’il ne fut permis au brick de mettre à la voile que le surlendemain.


XLI.


Bakri venait souvent au consulat de France traiter de nos affaires avec M. Dubois-Thainville : « Que voulez-vous ? disait celui-ci, vous êtes Algérien, vous serez la première victime de l’obstination du dey. J’ai déjà écrit à Livourne pour qu’on se saisisse de vos familles et de vos biens. Lorsque les bâtiments chargés de coton, que vous avez dans ce port, arriveront à Marseille, ils seront