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tugais, le Napolitain, le Sicilien, étaient également ses frères.

Dans les temps de peste, on le voyait jour et nuit porter des secours empressés aux Musulmans ; aussi, sa vertu avait-elle vaincu jusqu’aux haines religieuses ; et partout où il passait, lui et les personnes qui l’accompagnaient recevaient des gens du peuple, des janissaires, et même des desservants des mosquées, les salutations les plus respectueuses.


XXXVIII.


Pendant nos longues heures de navigation sur le bâtiment algérien, de notre séjour obligé dans les prisons de Rosas et sur le ponton de Palamos, j’avais recueilli sur la vie intérieure des Maures ou des Coulouglous des renseignements qui, même à présent qu’Alger est tombé sous la domination de la France, mériteraient peut-être d’être conservés. Je me bornerai cependant à rapporter à peu près textuellement une conversation que j’eus avec Raïs-Braham, dont le père était un Turc fin, c’est-à-dire un Turc né dans le Levant :

« Comment consentez-vous, lui dis-je, à vous marier avec une jeune fille que vous n’avez jamais vue, et à trouver peut-être une femme excessivement laide, au lieu de la beauté que vous aviez rêvée ?

— Nous ne nous marions jamais sans avoir pris des informations auprès des femmes qui servent, en qualité de domestiques, dans les bains publics. Les juives sont d’ailleurs, dans ce cas, des entremetteuses très-utiles.