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SUR LE JEU ET LES JOUEURS.

SEPTIÈME NOUVELLE.


Brandana, s’étant approché de la cheminée afin d’allumer de la lumière, prend pour de la braise ardente les yeux d’un chat qui lui saute à la figure et le déchire avec ses griffes ; croyant avoir affaire au diable, il s’enfuit à toutes jambes. Il raconte un tour que le diable joua à un ermite.


Brandana fut aussi joueur que scélérat, et il ne connut de sa vie d’autre métier que l’exercice de tous les vices. Il se trouvait une nuit à jouer, lorsque l’impétuosité avec laquelle il jeta les cartes sur la table éteignit la lumière ; il la prit et courut pour la rallumer vers le feu qui était dans la cheminée couvert de cendres. Il tenait une allumette, et il l’enfonça dans le museau d’un chat qui était étendu sur le foyer et dont les yeux lui avaient semblé des charbons ardents. Le matou, furieux, lui sauta au cou, s’y cramponnant avec ses griffes et le mordant au visage. Il se mit à crier : « Je suis mort ! » Et ses compagnons, qui l’attendaient cartes en mains, se levèrent en tumulte ; d’autres, qui étaient dans une chambre voisine, entendant le vacarme, accoururent avec une torche allumée ; mais, voyant une bête noire qui s’acharnait sur Brandana, ils s’enfuirent, laissant tomber la