Page:Arétin - Sept Petites Nouvelles, 1861, trad. Philomneste.djvu/92

Cette page a été validée par deux contributeurs.
87
SUR LE JEU ET LES JOUEURS.

CINQUIÈME NOUVELLE.


Un baron français dérobe une horloge de grand prix dans la chambre du roi Louis ; son larcin est révélé quand les heures viennent à sonner ; il se trouve couvert de honte en présence des courtisans et du roi, qui lui pardonne en riant, et qui, de plus, lui fait cadeau de l’horloge.


Un baron français, ayant joué et perdu tout ce qu’il avait et même au delà, puisqu’il avait engagé sa parole, fit, pour se procurer de l’argent, le tour le plus étrange qu’on ait jamais vu. Étant dans la chambre du roi Louis avec un grand nombre de seigneurs qui se disposaient à accompagner Sa Majesté à quelque solennité, il s’adossa à une table sur laquelle était placée une horloge garnie d’or massif, et il la fit habilement passer sous ses vêtements. Mais, comme il n’y a rien de tel que le propriétaire d’un objet pour veiller sur lui, le roi avait aperçu les mouvements de ce seigneur autour de l’horloge, et, tout en feignant de regarder d’un autre côté, il vit très-bien ce qu’il faisait. Il eut de la peine à s’empêcher de rire, et, se dirigeant vers la porte, il s’arrêta ensuite de manière que les assistants ne pouvaient sortir, et il se mit à parler avec un de ses ministres, en attendant que l’horloge sonnât. Bientôt un tin-