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ÉTUDE SUR P. ARÉTIN

de recourir à l’oraison de sainte Marie-Madeleine. Celle qui, obéissant à une fausse honte, prétend nous tromper et demande, sans y avoir le droit, l’oraison à sainte Marthe, est châtiée d’une façon terrible : car, lorsque vient l’époque de ses couches, elle expire misérablement dans les douleurs les plus atroces, étant privée des secours de la Madeleine, qui fut elle-même une pécheresse et qui vient en aide aux pécheresses. Dis-moi donc, de toi à moi et sans que jamais personne ne le sache, à laquelle de ces deux oraisons tu veux recourir ». La jeune fille, le teint couvert de rougeur, répondit avec assurance : « Votre hésitation me surprend, monsieur le curé ; je suis vierge ; ne venez donc pas m’insulter par vos soupçons injurieux. — Que Dieu te soit en aide, répliqua le prêtre ; mon devoir était de t’avertir et de te montrer à quelles conséquences tu t’exposais ; je dirai volontiers l’oraison à sainte Marthe. » Le jour des noces étant venu, elles furent célébrées avec solennité, et non en secret, comme il y a tant de gens qui le font, et, l’époux ainsi que l’épouse étant déjà près de l’autel, le curé s’approcha de la jeune fille et lui dit à l’oreille : « Si j’ai bonne mémoire, c’est l’oraison de sainte Marthe que je dois dire ? — Oui, répondit-elle ; mais il n’y aura pas de mal à y joindre un peu de l’oraison de sainte Marie-Madeleine, » Le prêtre reconnut ainsi que cette jeune fille, qui faisait si fort la fière et la pudique, ne s’était pas abstenue des jeux de Vénus, et qu’elle n’avait pas la conscience bien nette,