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ÉTUDE SUR P. ARÉTIN

session de son argent ; mais l’aventure ne peut guère se raconter.


3. Lettere non danno senno.

Apologue où les animaux sont mis en jeu. Le lion arrive à se convaincre qu’il ne peut se fier au seul emploi de la force pour conserver son empire sur les animaux ; il faut aussi qu’il ait recours à l’habileté. Il parcourt le monde et fréquente les écoles des philosophes, afin d’apprendre l’art de régner. De retour dans ses états, il enjoint à tous les animaux, sous peine de haute trahison, de comparaître devant son trône. Ils arrivent tous, à l’exception du singe ; le roi envoie le renard chercher cet indocile vassal. Le renard trouve le singe dans l’Éthiopie ; il lui représente qu’il est dangereux de résister aux ordres du souverain. Le singe se décide alors à paraître devant le monarque ; mais mal lui en prend, car aussitôt il est déchiré par le souverain offensé. Le lion ordonne ensuite au renard d’écorcher le cadavre et de lui apporter le cœur et la cervelle du coupable. Pendant cette opération, l’appétit de maître renard s’éveille ; il croque ce qui lui était demandé, et il vient ensuite, l’air décidé, dire au lion que les organes en question manquaient dans le corps du singe. Le roi s’étonne, et observe qu’il n’a lu dans aucun auteur grec ou latin qu’un quadrupède pût vivre sans cœur ou sans cervelle. Le renard lui réplique que, si le singe avait été pourvu de ces organes, il ne serait pas venu se placer sous les griffes royales, et che lettere non