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reproduisant une édition de Pérouse, 1537, devenue excessivement rare. Il ne paraît pas qu’on en connaisse d’exemplaires ; mais quant à cette biographie (qui n’est qu’une satire très-vive), elle avait déjà été indiquée par des écrivains italiens, qui la croyaient sortie de la plume de Niccolo Franco. Le style rapide et animé s’éloigne fort de la diffusion qui caractérise souvent les écrits de Berni.

Quoi qu’il en soit, l’ouvrage se présente sous la forme d’un dialogue entre Berni et Mauro : il renferme des détails fort libres, et il retrace comme chose toute simple, sans blâmer, sans s’étonner, le tableau des vices d’une société qui ressemblait fort aux villes englouties sous les ondes de la mer Morte ou à la Rome du temps de Pétrone : mais nous aimons à croire que le portrait est chargé.

L’Arétin y est représenté comme une canaille achevée. Il débuta à Rome par servir aux infâmes plaisirs d’Agostino Ghisi ; il fut chassé pour avoir volé une tasse d’argent, et il fit alors, pour vivre, toutes sortes de métiers peu honnêtes ; il fut tour à tour garzone d’hoste, alla gabella, mulattiero, compagno del bargello, mugnaio, corriero, ruffiano, cerretano, furfante, servitor de cortigiani ; finalement il entra dans un couvent. Mais ce n’était pas la vocation religieuse qui le portait à se faire moine ; il fut bientôt expulsé du monastère pour un affreux scandale qu’il donna, et que le dialogue dont nous traçons l’analyse exprime avec une crudité laconique. Un des novices du couvent s’en