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deur. Avant de sortir, il me pria d’agréer qu’il vînt me voir ; je le laissai espérer, et le lendemain il vint à la même heure. Il me parut d’abord plus passionné que jamais. Ses premiers compliments furent que je lui permettois d’en agir avec moi comme on agit ordinairement avec des étrangers. Je voudrois vous offrir, me dit-il, quelque chose du pays qui pût vous accommoder. En même temps je vis entrer le facteur de la boutique où nous nous étions rencontrés. Il étoit tout chargé de nippes et de rubans. Après quelques façons que je fis, je pris quelque chose avec discrétion. Certes alors il me tardoit de favoriser ce jeune galant homme ; il me sembloit mériter toutes choses de moi. Aussi je le menai aussi loin que je pus dans la conversation pour lui faire connoître que je serois vraiment reconnaissante. Il m’entendit bien, je t’assure ; car d’abord il s’approcha de plus près, me prit la main, ensuite il m’embrassa. Il devint tout rouge d’ardeur et il ne me parloit presque plus. Il n’osoit plus autre chose, mais enfin devenu plus hardi par la manière tendre avec laquelle je le regardois, il me porta la main au cou, puis il avança insensiblement vers les tettons. Quand il pu les manier, il tomba dans des transports qui ne lui laissèrent plus de timidité. Il me donna des baisers ardents, porta la main sur ma cuisse, premièrement sur la juppe, avec des petites façons qu’il faisoit de ses doigts en tâtant, après il chercha le trou, mais il n’en trouva point. Il s’avisa alors de dénouer ma ceinture et je me trouvai ainsi débraillée, Comme il put voir toute ma gorge, il quitta son