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les exploits de Robinson peuvent sembler d’assez banales aventures. Pas de père, une mère actrice ou à peu près, l’aisance d’abord, presque le luxe ; puis la mère qui meurt, la misère, et tous les métiers essayés pour réaliser au jour le jour, comme les moineaux de la rue, ce quotidien miracle de vivre.

Il y avait eu un premier amant dont Mlle Culot parlait sans rancune. Il était parti, rappelé par ses parents, en province, et elle trouvait tout naturel qu’il fût parti.

Maintenant, Mlle Culot me racontait ces choses à l’entre-sol d’un cabaret qui demeurait ouvert toute la nuit, près des Halles. Mlle Culot, trouvant qu’il était bien tard après la choucroute et craignant de réveiller sa concierge, avait préféré venir là pour attendre le petit jour et rentrer sans avoir l’air de rien.

Le petit jour vint. Mlle Culot souriait en fermant les yeux, à moitié endormie. Tout à coup :

— Écoutez !… dit-elle.

J’écoutai. Dans le silence du Paris matinal mille bruits naissaient, très distincts, n’étant pas encore couverts par l’assourdissant brouhaha que fait quelques heures plus tard la cohue des passants et des voitures.

Sous la fenêtre, un cri monta, plaintif et doux comme une mélopée : Mouron pour les petits oiseaux !

— Ça, fit Mlle Culot, c’est mon petit frère.