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ayant constaté qu’un oiseau chaque jour, en insectes ou en graines, consomme la moitié de son poids. Heureusement pour mes finances que Linette ne pesait guère.

Notre bonheur dura trois semaines, à peu près le temps des couvées. Puis une nuit, — permets-moi, Pythéas, de te conter, comme à un confident de tragédie, ce songe charmant d’abord, atroce ensuite — une nuit je rêvais que nous habitions, Linette et moi, un nid dans un fouillis de lilas, nid moelleux et frais, feutré de mousses auxquelles s’emmêlaient, car les songes ne se piquent pas de logique, des rubans de toutes couleurs et aussi de légers fils d’or qui étaient des cheveux de Linette.

Tout à coup, Linette s’envole : frttt… avec un éclat de rire qui ressemblait à un gazouillis, et moi je soufrais horriblement, voulant la suivre et ne pouvant, parce que je n’avais point d’ailes.

Quand je me réveillai, Linette, hélas ! était partie.

Elle me laissait un mot d’adieu. Ce mot disait :

— « Je crois bien que je vous aime toujours un peu. Mais c’est plus fort que moi, et puisque vous m’appeliez la femme oiseau, peut-être ne vous étonnerez-vous pas que j’éprouve le besoin de changer de branche.

J’ai revu Linette depuis, je la revois de