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mon indignation, du coin de son talon, de la pointe de son ombrelle.

Elle courait dans le taillis, sans pitié pour ses robes neuves, accrochant aux brindilles des branches basses, déchirant aux griffes des ronces un bout de ruban, un bout de dentelle que je ramassais en suivant ses traces comme les écoliers ramassent, pour ses bigarrures multicolores, la plume bleue tombée de l’aile d’un geai ou la plume jaune d’un pivert.

Au retour, le premier travail de Linette était de filer sur Paris, pour une heure ou deux, histoire de renouveler ses plumes qu’elle aimait nettes et lustrées.

En ai-je payé de ces mignons chapeaux, huppe d’une tête mignonne, et de ces robes couleur de soleil et de lune, qui faisaient ressembler Linette tantôt à un bengali, et tantôt à un martin-pêcheur !

— Ça dut te coûter bon ?

— Oui, Pythéas ! Mais qu’importe, puisqu’elle m’aimait ?… En effet, ça me coûta bon. De plus Linette, toujours par instinct, ne pouvait rencontrer une source, je veux dire un cabaret à l’angle d’un bois, un restaurant sur la rivière, sans éprouver le besoin d’y boire, oh ! très peu, un rien, la goutte qui rafraîchit le bec. Quant à l’appétit…

— Appétit d’oiseau ?…

— D’oiseau, parfaitement ! les naturalistes