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fondait pâle et très doux avec l’ambre entrevu des jambes.

Les femmes se scandalisaient. Mais plusieurs messieurs très bien offrirent à Béberte des consommations distinguées, et un petit blondin qui, avec l’air d’avoir quatorze ans et le sérieux d’un vieillard, suçait un porte-crayon d’argent et tenait un carnet d’écaille, réclama instamment, pour l’inscrire dans les journaux, le nom de l’étoile nouvelle qui dansait en chaussettes roses.

Béberte s’éveilla presque riche et se demandant d’où venait sa subite fortune.

Elle a dû deviner ; car, comme la Béberte de jadis, l’élégante Roberte Lureau, dans son hôtel, dans sa villa, ne porta jamais depuis lors ni bas long tirés, ni jarretières. Est-ce un genre qu’elle se donne, ou croit-elle à la vertu du talisman ?

Maintenant j’avouerai qu’au point de vue de la morale il eût infiniment mieux valu qu’elle n’empruntât pas, pour aller danser, les chaussettes de son petit frère. Mais le petit frère n’y a sans doute rien perdu, Roberte Lureau étant aussi bonne sœur que bonne fille. Et puis, entre nous, comment faire, quand on est jolie, pauvre et qu’on aime la danse, pour gagner à la fois un peu de considération ici-bas et son salut en Paradis ?