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l’électricité papillotante des boulevards et des cabarets de nuit.

Marc-Aurèle coiffait et rasait sans grande ardeur, en homme supérieur au métier que, provisoirement, il exerce ; mais il parlait peinture avec enthousiasme, citant Corot, Henner, Millet, citant Diaz surtout — ô ce Diaz — et déclarant, au surplus, qu’aussitôt un successeur trouvé, car on ne peut, n’est-ce pas ? laisser en plan la clientèle, il planterait là le peigne, suivrait ses goûts, et se consacrerait tout entier à l’art.

Loris souffrait, mais n’osait rien dire, terrifié d’abord par le cliquetis des ciseaux, puis par le grincement du rasoir raclant la peau vive, et les lèvres prisonnières maintenant sous des avalanches de savon mousseux.

Enfin un « voilà, monsieur ! » suivi d’un « ouf ! » de soulagement, m’apprit que Marc-Aurèle en avait fini et que la justice des hommes était satisfaite.

Au même instant, comme Loris se levait maussade et chassant du mouchoir quelques piquants fragments de cheveux restés dans son col de chemise, la porte s’ouvrit et une jeune personne entra, moitié cocotte, moitié soubrette, qui portait un tableau, un Diaz !

Ce Diaz, comme tous les Diaz journellement fabriqués sur la pente des Buttes par des rapins faméliques et industrieux, était censé repré-