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ces simples mots en manière de remerciement et de bienvenue :

— « Assez haut perché, ton magasin ! »

Ma place n’était pas là. Je pris congé pour laisser libre cours à ces effusions familiales, et je sortis en me disant :

— « Joli samedi pour Manon !… »

Mais j’avais tort de douter d’elle. Au surplus, le hasard, qui arrange toujours les choses, allait prendre plaisir, pendant cette journée, à me mettre sur son chemin.

D’abord, au restaurant où je l’entrevis sous la marquise à jours, entre deux corbeilles de verdure, en train de régaler sa tante d’un perdreau froid. Manon tout aimable, empressée, la tante vaguement boudeuse, goûtant au vin du bout des lèvres, et acceptant le filet et l’aile sans se départir d’un quant-à-soi vertueux et provincial.

Puis au bois de Boulogne, en voiture, dans une voiture louée, s’il vous plaît ! avec un cocher à livrée puce constellée d’énormes boutons. Manon avait bien fait les choses.

La tante semblait adoucie. D’abord plantée au coin, hargneusement, le dos incrusté dans la capote, et comme furieuse des plaisirs impurs qu’on lui offrait, elle s’était peu à peu rapprochée de la jolie fille en corsage rose, et maintenant, lorsque quelqu’un saluait Manon au passage, elle souriait, immobile sous son cha-