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LES OGRESSES


Un drôle de corps, mon camarade Estevanet, ou plutôt un drôle d’esprit, une âme vraiment originale ! Dès l’enfance il avait une façon à lui de voir les choses de ce monde.

Toujours à courir les champs d’où il rapportait au collège des cailloux de forme bizarre, des nids d’oiseaux de proie périlleusement dénichés et d’étranges plantes montagnardes dont les bergers seuls savaient le nom, un matin il arriva avec deux grenouilles, capture rare ! car dans nos pays de calcaire les eaux mortes n’abondent pas. Au bout de quelque temps les grenouilles parurent dépérir : immobiles, leur ventre blanc aplati sur le verre du bocal, elles n’avaient plus cœur à gober les mouches. Alors Estevanet s’imagina que ses grenouilles s’en-