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neveu du patron. Et certes, la veille encore, quand voulant l’initier au commerce, son oncle était allé le chercher dans le hameau, près de Chevreuse où, la gaule à la main et le plus souvent sans souliers, il gardait les vaches au bord de l’Yvette, on l’eût fort étonné en lui prédisant ce que lui réservait la destinée.

Il s’y fit néanmoins : il s’y fit peu à peu.

Plusieurs mois durant, sans une plainte, sans hésitation ni défaillance, le vaillant garçon porta ses huîtres. Et cependant jamais, les statistiques en font foi ! jamais dans l’enchevêtrement de rues et de ruelles, aimablement peuplées, que le Moulin de la Galette semble bénir de ses grands bras, on ne mangea tant d’huîtres que cette année.

Toujours beau et même plus beau qu’au début, car il avait légèrement pâli et maigri, toujours à son poste dès l’aurore, au milieu des fleurs, dans le réveil des chants d’oiseaux, du matin jusqu’au soir, le petit porteur d’huîtres attendait. De temps en temps une femme s’arrêtait, en coquet négligé de voisine, rougissante et emmitouflée.

— « Cinq douzaines au 14 de la rue Blanche, pour dix heures et demie précises ! » criait du fond de la boutique la voix joyeuse du patron. Et à dix heures et demie précises, le petit porteur se mettait en route, ses cinq douzaines sur un plat pour le 14 de la rue Blanche, le regard