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ment dépaysé que s’il fût parti pour la Chine.

Aussitôt débarqué, il se précipite vers son logis dont personne, pas même le facteur vaguement rural de l’endroit, ne sait l’adresse ; et, tout de suite, pour commencer, il se déguise en homme libre.

C’est-à-dire qu’il revêt des habits d’un exotisme tel que devant eux reculeraient, par crainte de paraître incorrects, les naturels des Nouvelles-Hébrides, et d’une si ondoyante fantaisie qu’un père et même un créancier hésiteraient à reconnaître sous ces extraordinaires pelures le grave négociant qu’il est, rue Coquillière, de dix heures à quatre, tous les jours, dimanches et fêtes exceptés.

Chacun, d’ailleurs, en fait autant ; et comme dans cet heureux pays, colonie de sages, la loi est de vivre à sa guise, une mutuelle tolérance respecte les mutuels incognitos.

Devenir un bel animal tandis qu’il en est encore temps, voilà l’idéal et le vœu secret de tous ces surmenés de l’existence parisienne. Assez souvent ils y réussissent. Et leurs journées, où ne trouvent point place les vains soucis, se partagent volontiers entre deux genres d’occupation également importants : l’un, qui consiste à canoter sur la rivière, dans la fraîcheur des saulaies vertes et de l’eau, en compagnie de jeunes personnes vêtues de vareuses à galons d’or, l’ancre brodée sur le collet, qu’ils