Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/326

Cette page a été validée par deux contributeurs.

– Regarde, » dit Jacques.

En effet, le banc y était toujours. Seulement, plantés frais et si près de l’eau, pendant ces trois ans, les troncs de saule avait pris racine. Mille jets étaient partis. Sur leur écorce jaune et lisse des pousses éclataient en léger feuillage, et le pauvre banc rustique était maintenant comme le trône de quelque fée, encadré de vivantes arabesques et surmonté de lambrequins en bel or vert.

— « La branche coupée a refleuri… » soupira Suzette.

— « Comme notre amour !… » répondit Jacques.

La veuve Mondésir, curieuse, les regardait faire de loin.

— « Mais ils sont fous ! Mais quoi qu’ils ont, ces Parisiens, avec leur banc fait de méchants scions, quoi qu’ils ont à pleurer ainsi ! »

Et, n’y comprenant rien, et comme il faut toujours une victime, la veuve Mondésir brandissait vers les cieux impassibles un malheureux canard dont elle venait de tordre le cou.