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Belle au bois dormant, soudain les choses s’éveillèrent, les cuivres reluisants se heurtèrent dans la cuisine, et les fourneaux se mirent à flamber.

— « Ne prenez pas tant de peine, bonne femme, aujourd’hui des œufs frais nous suffiront.

— Laissez-moi faire ; ici rien ne vous manquera… Allez seulement une heure en promenade, une petite heure, pour que j’ai le temps de me retourner. »

Et, en effet, quand ils furent de retour après la petite heure accordée, une appétissante fumée montait à travers les iris du toit, la brise jouait devant le seuil avec des plumes de volaille, et la peau d’un lapin aussi gros qu’un lièvre, fixée par quatre clous au bois du volet, achevait de sécher son envers à reflets de nacre dans les rayons horizontaux d’un superbe soleil couchant.

On se mit à table, portes fermées. Sous les grands chandeliers, des faïences à fleurs égayaient la nappe blanche ; un vin léger, pas venu de bien loin, riait en remplissant les gobelets de verre clair ; et tout cela était si joyeux que, sa gibelotte servie, la veuve Mondésir ne put s’empêcher de larmoyer un peu, dans le coin de son tablier, au souvenir des beaux jours de jadis, quand la maison était toujours pleine et que son Mondésir vivait.