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les bords. Nous nous arrêtâmes près d’une clairière défrichée où les gardes avaient semé du sarrazin pour les faisans. Au revers des sillons un peu de neige restait, les pousses vertes y pointaient déjà, et, par un phénomène qu’un coloriste expliquerait, tout cela prenait dans l’éblouissante clarté du jour des reflets de pâle turquoise.

Malgré tant de faits attestant la présence réelle de l’hiver, vous vous obstiniez à vous croire au printemps, Claudine, et vous souteniez mordicus que le bois sentait la violette.

En effet — était-ce un jeu de notre imagination, était-ce un miracle ? — il y avait dans l’air quelque chose qui rappelait la violette et son parfum subtil. Mais ceci qui nous intriguait s’expliqua le plus naturellement du monde quand, arrivés dans un carrefour en tout pareil à celui-ci, vous daignâtes, Claudine, nous révéler le contenu d’un panier voilé avec mystère, et que nous trouvâmes plein jusqu’aux bords de petits bouquets à deux sous.

— « Voilà, c’est bien simple : pendant que je vais m’asseoir ici et rouler une cigarette, on se dispersera sous bois pour piquer dans l’herbe et la mousse toutes les fleurs que j’ai apportées, aux endroits où le soleil donne et où les violettes ont l’habitude de pousser… »

Ce qui fut dit fut fait : au bout d’un quart d’heure, nous nous bousculions tous les quatre