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voyages lointains et les coûteuses villégiatures ! Si morose que l’âge l’ait fait, il pourra, pour un jour se donner l’illusion de la jeunesse, en parcourant comme autrefois, dans les souvenirs et les feuilles tombées, ces chers sentiers à mi-coteau d’où l’on voit Paris à travers les branches, admirable cadre d’idylle, nature indulgente, humanisée, dont le silence s’accommode du bruit sacré des mirlitons, des chants et des éclats de rire, et à qui, au besoin, un peu de comique ne fait pas peur…

Or elle m’avait dit, le corbeau était dans l’arbre ce jour-là ! elle m’avait dit : — « Si tu voulais, nous pourrions aller à Meudon ». Phrase bien simple qui pourtant me combla de joie, car depuis longtemps, un nuage, toujours le même, faisait tache au ciel bleu de nos amours. Elle, parisienne de la pointe de sa bottine à la plume de son chapeau, n’entendait rien aux gaietés rustiques, ayant des hannetons une peur folle, croyant que les lézards et les mulots n’ont d’autre fonction que d’escalader les bas roses des promeneuses, et personnellement offensée quand une ronce par hasard lui griffait l’ourlet d’un volant ; moi, paysan mal acclimaté encore, j’avais l’audace de préférer le soleil au gaz et le fin gazon au pavé des rues. De là d’éternelles disputes.

Nous voilà donc partis, d’accord pour la première fois.