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comme on va voir, devint la cause de mon malheur.

Tout passe, surtout les bonnes choses : cette existence de paradis ne pouvait pas durer toujours. Nous arrivâmes au bout de la semaine. Le dimanche à minuit la fête s’éteignit sur un feu d’artifice final ; le lendemain les baraques étaient démontées, et nous dûmes songer au départ tandis que les bonnes gens de l’endroit, rassasiés de musique et de chants, reprenaient la pioche et recommençaient, suivant une expression pittoresque de ma bien-aimée, à éborgner les colimaçons de leurs pépinières.

Après un déjeuner que nous offrîmes galamment, ces messieurs ; et, ces dames procédèrent à l’importante opération du partage. On fit six tas de l’argent recueilli, six ! car le traité d’engagement portait ces mots : « Le pianiste a sa part aux quêtes » ; et, comme un des tas se composait exclusivement de grosse monnaie, dont aucun commerçant du pays n’avait voulu négocier le change, il fut convenu que, selon l’usage, on tirerait au sort ce lot encombrant. Le lot m’échut, ou du moins il échut à la jeune personne qui m’avait accepté pour son Mentor. Ne voulant pas, disait-elle, crever ses poches, elle mit dans le seau de fer-blanc toute la lourde mitraille, et me le confia en même temps qu’un grand diable de châle rouge dont elle aimait se draper sur l’estrade en prenant des airs andalous.