Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/295

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de courir à la gare et de prendre au vol le premier train.

Je m’élance : « une seconde pour Paris ! » La machine siffle, et me voilà roulant vers la gloire.

« Pour lire aux artistes, dans le petit foyer… »

Diantre ! dans le petit foyer ? Et j’avais mon costume de coureur de bois : un chapeau vert, des pantalons bleus, une vareuse rouge. C’est ça qui va bien faire dans le petit foyer ? Mais, malheureux, pensais-je, il faut, pour lire aux artistes, dans le petit foyer surtout, un habit noir, la cravate blanche. Faute d’habit noir, il me semblait que la concierge m’empêcherait de monter et que ma pièce ne serait plus reçue. Un habit noir où prendre un habit noir ? J’aurais assassiné pour un habit noir. Mon regard hypnotisé cherchait un habit noir partout, et dans la plaine d’Issy, quelques corneilles partant effarées me parurent un vol d’habits noirs.

En touchant au sol parisien, une inspiration me vint, désespérée. Il n’est encore que midi et quart, arrive que plante, j’irai chez Clorinde.

— « Madame Clorinde ?

— Connaissons pas.

— Alors, madame Colinette ?

— Numéro 26, elle est chez elle.

— Bon !

— Mais monsieur…

— Laissez faire, c’est pour mon habit. »