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De temps en temps, du groupe des mâles, un des plus hardis se détache. Les ailes frémissantes et se soutenant non sans peine à hauteur de la cruelle toujours immobile, il insiste, parle, supplie. L’autre fait semblant de céder, quitte l’asile, puis revient. L’infortuné quémandeur d’amour se décourage, et regagne la troupe, aussitôt remplacé.

Un dernier enfin, plus heureux, triomphe. Le couple part, la troupe suit. Et tous s’en vont, par delà l’herbage, s’abattre en tourbillon dans un jardin de couvent aux vieux murs crétés d’herbes folles, aux grands ormeaux festonnés de lierre, où — je l’aperçois à travers la grille — un jeune prêtre qui lisait ferme son livre, et, troublé, regarde.

Le printemps, chargé d’affaires de l’amour, me réservait le spectacle d’une autre idylle.

L’herbagère ayant trait ses vaches et les moineaux ayant filé, ma présence désormais sans prétexte risquait fort d’être remarquée.

Je quittai donc la rue qu’embellit l’herbage et allai m’asseoir, solitaire, sur un banc du boulevard voisin. On le peut, sans déroger ni se compromettre, dans ces quartiers paisibles peuplés de promeneurs âgés : officiers en retraite, petits employés et petits rentiers.

Un jardinier passa, avec le sarrau professionnel, et les sabots noircis du terreau encore frais de ses plates-bandes ou de ses serres.