Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/264

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mains d’un camarade son shako, son sabre, sa tunique, et se présenta, torse nu. Au relief de ses muscles, et surtout à son air têtu et déterminé, on comprit que cette fois la lutte s’annonçait sérieuse.

Les cinquante francs, cet artilleur voulait les gagner ! et Dieu seul pourrait dire, ou le Diable, à quels rêves militairement caressés, à quelles félicités de cabaret douteux et de barrière, le soldat destinait une si forte somme.

Brusquement, sans galanterie — sa galanterie était ailleurs — l’artilleur saisit d’abord aux bras, puis aux hanches, l’Indomptée qui, s’étonnant et les sourcils froncés, laissa apparaître sur ses traits admirablement réguliers la calme fureur des Méduses classiques.

Elle riposta cependant, pétrissant de ses belles mains les membres velus de l’artilleur, tentant même de l’enlever par surprise d’un subit coup de tête en tierce, exact et combiné, mais qui, malheureusement, rata.

Alors elle changea de méthode : onduleuse et souple, et répondant au brutal assaut par des prises enveloppantes qui ressemblaient à des caresses ! L’artilleur distrait perdait visiblement de son sang-froid et de sa verve, et le combat, si rudemment commencé, tournait au divertissement bucolique. Un moment elle roula par terre entraînant avec elle l’artilleur.