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Cependant les baisers recommençaient et menaçaient de ne plus finir, quand fort à propos la caissière, madame Herminie, intervint du haut de son comptoir :

— Eh bien, voyons ! est-ce que je ne pourrais pas, moi aussi, être un petit peu de la tournée ?

— Va, Camille, embrasse madame Herminie, puis tu joueras avec Cyprien…

Marraine avait repris les cartes, maman s’était remise à manufacturer ses éternelles cigarettes ; et moi, en humeur de philosophie à la suite de cet étonnant intermède familial, je songeais aux crimes de la destinée me disant que peut-être, là-bas, en province, dans les fortifiantes senteurs de la montagne ou bien des grèves, un Fernand poussait, garçonnet loyal et solide qui, un jour, follement, usera son cœur à aimer Camille l’adorable monstre en préparation qui maintenant joue sous la table, là, avec Cyprien.

Ma méditation ne fut pas longue.

Des cris, les femmes qui se dressent, madame Herminie qui accourt, Cyprien la joue en sang, qu’on console à coups de taloches et qui hurle : « Camille m’a chipé mes sous, puis après elle m’a mordu. » Et Camille, rouge, le rire aux lèvres, Camille que de nouveau tout le monde embrasse, mais à l’étouffer cette fois, ce cher trésor ! pendant que marraine la boit des yeux et que maman murmure triomphante :