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bière sans grimace et fumait bravement comme une vraie petite femme.

— Regarde, Camille, qu’est-ce que c’est que ça ?

— N’un diamant.

Et l’on s’extasiait encore de voir que Camille se connaissait en diamants, si jeune. Mais quel triomphe, quelle explosion de cris admiratifs et de rires, lorsque, s’étant emparée d’une boîte à poudre, Camille en dévissa le couvercle à miroir, sortit la houpette de cygne, et s’enfarina la frimousse en ayant soin, avec des mines adorablement imitées, de serrer et rentrer ses lèvres pour que le corail n’en blanchît pas.

Puis ce furent des paroles graves

— C’est gentil tout de même les enfants !

— Il n’y a encore que ça qui console…

La mère, toute heureuse, approuvait, lissant dans ses doigts, avec amour, les cheveux bouclés de Camille :

— Dire que Fernand s’est fâché quand j’ai voulu la mettre en blonde !

— Qui ça, Fernand ?

— Son père, parbleu !… Un monsieur très bien, et qui l’aime…

Fernand… Il existait donc un Fernand ! C’est bête mais la chose, naturelle pourtant, m’étonna. Dans un tel milieu, jusqu’à ce moment, l’idée ne m’était pas venue que Camille pût avoir un père.