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mélancolique au milieu du silence triste de la nuit.

J’allais vite à cause du froid. Une ombre soudain m’arrêta, noire en travers des dalles blanches ; et, sans savoir, je me sentis touché au cœur comme en présence d’un drame entrevu.

Debout, derrière un pilier, les yeux fixés obstinément sur les fenêtres d’où tombait à flots la musique avec les lumières, c’était, se cramponnant aux lances dorées de la grille, une jeune femme en fourrures, très élégante, et qui pleurait !…

VOILA L’PLAISIR !

Devant un café à terrasse bondée, tout le long du trottoir, d’étudiants et d’étudiantes. Le ciel est gai, les maisons reluisent. Ces demoiselles, encouragées par le soleil, ont gardé, en dépit du calendrier, leurs grands chapeaux ombreux et leurs toilettes multicolores.

— « Voilà l’plaisir, mesdames, voilà l’plaisir ! »

Oh ! ce cri — est-ce bien un cri ? — poussé frileusement, d’une voix grelottante d’âme prête à partir, d’oisillon prêt à émigrer. Aussi personne ne l’entend, personne ne lève les yeux sur la petite vieille, si maigre, si ratatinée, pliant sous le fardeau de sa longue boîte en tambourin et secouant, presque sans bruit, sa grêle cliquette.